Des exemples de fraudes perpétrées dans des agences
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«Un samedi après-midi, un individu a appelé Transat en se faisant passer pour un de nos conseillers et il a réservé une portion terrestre dans une destination populaire, en fournissant un numéro de carte de crédit qui, selon lui, était la carte de l’agence», raconte André Desmarais, d’AéoportVoyage, à Verdun. Pour sa part, Marie-Hélène Jacques, directrice générale de Groupe Voyages VP, à Montréal, constate que les cas de fraude perpétrées par des gens qui connaissent un peu le domaine du voyage sont de plus en plus fréquents. «Ou bien ils nous connaissent, ou ils ont consulté notre site Internet où nous présentons les membres de notre personnel et ils se font passer pour l’un de nos conseillers», explique-t-elle. «Mais chose certaine, ils connaissent certaines ficelles du métier. Cela nous est arrivé avec quelqu’un qui a fait des réservations chez Alio et Transat.»
Chez Aéroport Voyage, ce genre de fraude s’est produit à deux reprises. «La première fois, les clients avaient réservé à la dernière minute et nous nous en sommes aperçus au milieu de la semaine qui a suivi. Nous avons contacté l’hôtel qui nous a envoyé une photocopie du passeport des clients, dit André Desmarais. «Nous avons porté plainte et l’enquêteur du SPVM (Service de police de la Ville de Montréal) qui s’est occupé du dossier, nous a dit que c’était Transat qui avait été fraudée et pas nous, puisqu’aucun de nos employés n’était intervenu dans le dossier.»
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La seconde fois qu’Aéroport Voyages a été impliqué dans une arnaque similaire, il s’agissait d’un fraudeur qui s’est encore fait passer pour un des employés de l’agence. «Il a appelé le grossiste un jeudi pour réserver un forfait à 4000 $ dans un Paradisus qu’il a encore payé avec une carte qu’il disait être celle de l’agence. Nous nous en sommes aperçus le lendemain, parce que depuis la première fois, je multiplie les vérifications et j’ai annulé le dossier.»
Quand le voyageur n’est pas le payeur
Parmi les multiples types de fraudes évoquées au cours du séminaire sur la fraude organisé par l’ACTA à l’aéroport Montréal-Trudeau, lundi soir, les intervenants ont mis en garde contre celui des «noms différents». En fait si les voyageurs pour lesquels on émet des billets portent tous des noms différents de celui qui figure sur la carte de crédit, il y a des chances qu’il s’agisse d’une carte volée. «Le cas est classique et, chez nous, nous sommes particulièrement vigilants, lorsque le nom figurant sur la carte est un bon vieux patronyme québécois du type «Tremblay» ou «Gagnon» et que les billets sont émis pour des voyageurs portant des noms à consonance manifestement étrangère», observait un des agents de voyages présents à l’évènement. «Nous effectuons automatiquement des vérifications et, si nous nous apercevons qu’il y a fraude, nous annulons la transaction. Malheureusement, le grossiste nous impose les frais d’annulation prévus dans les conditions générales. Or, comme dans la plupart des agences, nous n’agissons pas comme marchand. C’est le grossiste qui enregistre la transaction. Donc nous ne pouvons pas appeler Visa ou MasterCard pour vérifier, par exemple, si l’adresse de facturation correspond bien à celle que le client nous a donnée. Pourtant, les employés des voyagistes qui, eux, le pourraient, n’effectuent pas ce genre de vérifications. Et c’est quand même nous, les agences, qui sommes pénalisés.»
Les agents n’ont pas accès aux numéros de cartes
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On sait que plusieurs agences ont été victime, l’an dernier, de fraude de type «pyramidal». Dans ce cas, le conseiller ou l’agent extérieur fraudeur empochait l’argent des client qui préféraient payer comptant et fournissait le numéro de la carte de crédit d’un autre client pour régler le dossier chez le fournisseur. Lorsque le client lésé s’en apercevait, l’employé indélicat se confondait en excuses et invoquait une erreur d’inattention. Et il répétait le stratagème avec le numéro de carte d’un autre client. C’est pour type de fraude que l’agent extérieur Sylvie Choquette est actuellement accusée d’avoir détourné des sommes conséquentes dans deux agences de la couronne nord de Montréal.
Pour éviter les fraudes de ce type, Voyages à Rabais ne permet pas à ses agents d’accéder aux numéros de cartes de crédit des clients. «Chez nous, dès qu’il est enregistré dans le système, le numéro de carte de crédit du client est immédiatement crypté et les agents n’y ont pas accès», explique David Grégoire, vice-président technologies de la plus grande agence Internet du Québec. «Seulement 10% des transactions que nous traitons ne se font pas par Internet. Dans ce cas, nous demandons aux agents qui reçoivent les clients ou leur parlent par téléphone de ne pas noter les numéros de carte par écrit et de le rentrer immédiatement dans le système. Seule une personne de la comptabilité y a accès.»