VOX POP : Vendre Cuba malgré la « situation énergétique »…
- Opinions
- 16-10-2019 8:30
- Serge Abel-Normandin

La « situation énergétique » à Cuba fait couler beaucoup d’encre depuis quelques semaines. Les informations rassurantes en côtoient d’autres qui le sont moins. À travers tout ça, vous sentez-vous à l’aise de vendre la destination ? PAX a posé la question à quelques conseillers.
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Pascale Pelosse (Espace Voyages, Richelieu)
Je me sens très à l’aise de vendre Cuba. J’avoue que j’ai eu un doute il y a environ deux semaines. Mais depuis, on a appris que du carburant avait été livré à l’île et ça m’a rassurée.
Par contre, j’avoue que c’est parfois difficile d’avoir l’heure juste sur ce qui se passe réellement à Cuba. On entend tellement de choses provenant de tellement de plateformes ! Parfois, ce sont les clients qui nous font part d’informations qu’ils ont trouvées sur les réseaux sociaux... Ce n’est pas facile de distinguer le vrai du faux, ni un problème réel d’une situation passagère. Comme agents, on est un peu laissés à nous-mêmes…
Je ne crois pas que la crise de cette année était nécessairement pire que d’autres survenues dans le passé. Parfois, certaines histoires sont montées en épingle et font boule de neige !
Malgré tout, il est important d’informer franchement les clients pour qu’ils fassent un choix éclairé. Des pénuries peuvent survenir à Cuba. Il faut le leur dire.
Reste qu’à mon avis, Cuba demeure une destination difficile à battre du point de vue des plages et de la chaleur humaine. C’est ce qui explique que, même lorsqu’on leur présente la complexité de Cuba, la plupart des clients décident d’y aller quand même !
Maryse Lapointe (Nicole et Cie, Vaudreuil-Dorion)
Je suis très à l’aise de vendre Cuba. Personnellement, la situation actuelle à Cuba ne m’empêcherait pas du tout d’y aller.
J’ai la chance d’avoir des nouvelles de première source, car j’ai un filleul à Cuba. Son père m’a dit que la pénurie de carburant n’avait pas vraiment causé de problèmes pour lui... Et il est chauffeur de taxi !
Je fréquente aussi le forum du Memories Flamenco Cayo Coco, l’hôtel où je réside quand je vais voir mon filleul. Un habitué qui y séjourne actuellement a publié un portrait détaillé de la situation. Il confirme que les heures de travail de plusieurs employés d’hôtel ont été prolongées et que certains ont passé des nuits à l’hôtel. Mais pour le reste, la situation n’a rien de vraiment inhabituelle, selon lui.
Je prends quand même soin d’aviser mes clients du risque de pénurie de denrée et/ou de pétrole à Cuba. La facture indique aussi qu’ils ont été avisés. S’ils partent, c’est donc en toute connaissance de cause.
De toute façon, les amoureux de Cuba savent déjà que ce genre de situation peut arriver. Et ça ne les empêche pas d’aimer Cuba !
Karine Phaneuf (Voyage Absolu, Saint-Hyacinthe)
Je ne propose pas la destination d’emblée, car je la trouve trop instable actuellement. Par contre, si des clients expriment d’eux-mêmes le souhait d’y aller, je me sens à l’aise de la leur vendre… dans la mesure où ils sont informés de la situation.
À ce propos, je leur précise que je n’en sais pas beaucoup plus qu’eux; que mes sources sont les mêmes que les leurs. Comme conseiller, ce n’est pas facile de se faire une idée précise de la situation. Nous tâchons de nous informer dans les médias, sur le web, sur le site d’Affaires mondiales Canada… Mais toutes les sources ne sont pas nécessairement neutres.
Par exemple, je n’imagine pas que les grossistes ou le ministre de Tourisme pourraient déconseiller Cuba... Je me méfie aussi des critiques formulées par des clients sur des forums comme TripAdvisor : les clients ne tiennent pas nécessairement compte de tous les éléments – comme le fait qu’on soit en basse saison par exemple.
L’idéal est d’obtenir l’information d’autres conseillers ayant pu observer la situation sur place. Mais même là, il faut se méfier, car on sait bien que les participants aux éductours ont droit à une version idéalisée des endroits visités…
Par prudence, je ne m’avance donc pas à dire à mes clients « oui, allez-y » ou « non, n’y allez pas ». Je les invite plutôt à faire leurs propres recherches et je m’adapte ensuite à leur décision. Certains décideront d’aller à Cuba, d’autres non. Jusqu’à ce jour, la plupart ne semblent pas trop craindre la situation.
Doris Desjardins (Voyage Hone, Montréal)
À l’agence, nous avons beaucoup de demandes pour Cuba, entre autres de la part des habitués. Cuba est aussi un gros vendeur pour les familles à cause de son bon rapport qualité-prix. En ce qui me concerne, je vends donc beaucoup Cuba et je n’ai pas l’intention d’arrêter.
Par contre, si un client ne me demande pas de Cuba, je ne pousserai pas spécialement Cuba. J’y vais selon la demande, en fonction de ses goûts et de son budget.
Bien sûr, je mets les clients au courant de ce qui se passe à Cuba. Mais je leur explique la situation en faisant bien attention de ne pas les affoler. Il ne faut pas dramatiser !
Pour ce qui est du carburant, je pense qu’il y a eu un problème, mais qu’il est maintenant réglé. En général, cette question n’a pas trop semblé préoccuper nos clients. De toute façon, je leur suggère toujours de se munir d’une assurance forfait.
Comme toutes les destinations, Cuba a ses avantages et ses inconvénients. Parmi les avantages, c’est l’une des rares îles où il n’y a pas d’algues sargasses actuellement. Ça aussi, ça pèse dans la balance au moment de choisir une destination !