VOX POP : la difficulté de recruter de bons conseillers en voyages !
- Opinions
- 10-05-2019 11:50
- Serge Abel-Normandin

Est-il facile pour les patrons d’agence de voyages de recruter de bons conseillers ? Est-il facile, ensuite, de les conserver au sein de l’équipe ? PAX a posé la question à quelques membres de l’industrie.
Isabelle Delwiche (Voyage CAA Québec Boisbriand)
Ce n’est pas que dans le domaine du voyage qu’il y a des problèmes de recrutement, mais depuis quelques années, c’est difficile de recruter des conseillers en voyages. Surtout les conseillers d’expérience. Pourquoi ? C’est une question qu’on se pose... Si on connaissait la réponse, les choses seraient plus faciles ! Peut-être est-ce parce que les conseillers d’expérience sont bien là où ils sont ?
Si on veut s’en sortir, il faut donc regarder du côté de la relève ou vers les gens qui veulent entreprendre une deuxième carrière. Ces conseillers moins expérimentés exigent davantage de formation au début, mais ils peuvent s’avérer une solution payante à long terme pour l’entreprise et pour l’industrie.
Par contre, il ne me paraît pas spécialement difficile de conserver les conseillers à notre emploi une fois qu’ils sont recrutés. Du moins, je n’ai pas remarqué de problèmes dans mes deux agences. On a aussi une bonne rétention dans notre réseau.
Mais c’est sûr qu’il ne faut pas considérer les membres de l’équipe comme de l’acquis. Ça prend des efforts pour les conserver. Mais s’ils ont de bonnes conditions, un sentiment de reconnaissance, ils voudront continuer leur progression au sein de l’entreprise.
Esther Côté (Agence de Voyages Esther, Saint-Basile-le-Grand)
Justement, je suis à la recherche de deux agents ! C’est difficile, car les agents expérimentés sont très recherchés. C’en est rendu que certains offrent même 5000 $ en cadeau pour une bonne référence; on l’a vu sur Facebook pendant notre congrès [NDLR Le congrès 2019 de Voyages en direct].
Les gens qui sortent des écoles, c’est bien. Mais il faut un équilibre entre les agents de la relève et ceux qui connaissent le métier. Ce sont eux, par exemple, qui peuvent prendre rapidement le relais d’une conseillère qui part en congé de maternité, comme je le cherche actuellement.
Heureusement, une fois que j’ai trouvé la perle rare, je n’ai habituellement pas de difficulté à la conserver. Il faut dire que je prends soin de mes conseillers; je les gâte, je les forme…
Ce qui est malheureux, c’est que ces bons conseillers, expérimentés et formés, peuvent ensuite être très sollicités par d’autres agences, entre autres quand ils participent à des éductours. On risque d’en perdre de cette manière. Ça vient de m’arriver. Une première en dix ans !
C’est irritant, car ça nous ramène à la case de départ : publication d’annonces sur les réseaux sociaux, dans les journaux spécialisés et grand public, etc. Je pense même à solliciter des retraités pour les inviter à revenir chez nous à temps partiel !
Steve Marcotte (Voyages Terre & Monde, Terrebonne)
En raison de l’économie qui roule bien, il y a actuellement une pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, dont le nôtre. Dans ce contexte, c’est difficile de recruter de bons conseillers. Les salaires dans l’industrie du voyage, moins élevés que dans bien d’autres industries, contribuent aussi à la problématique.
Quand nous devons recruter – comme c’est le cas actuellement –, nous faisons appel à notre réseau interne et nous publions des annonces dans des journaux de l’industrie, comme PAX. Il faut être ouverts à accueillir des agents expérimentés autant que des jeunes qui sortent des écoles.
Les agents séniors présentent évidemment l’avantage d’être faciles à intégrer. Mais les milléniaux ont aussi des avantages. Ils arrivent avec une nouvelle vision et peuvent amener une clientèle différente, plus jeune, grâce à leurs techniques d’approche sur les médias sociaux. Nous les formons... mais nous apprenons aussi beaucoup d’eux !
Ensuite, pour conserver les équipes en place, ça prend des mesures : des compensations, des bonis en argent, des incitatifs permettant de voyager, etc.
Suzanne Kovac (Voyages Odyssea, Bois-des-Filion)
C’est difficile ! Parmi les obstacles que rencontre notre agence, il y a sa localisation. En dehors des grands centres, le choix de conseillers est moins grand.
Et ce n’est pas facile de trouver des personnes prêtes à travailler jusqu’à 20 h les soirs de semaine, puis le samedi. Les jeunes sont particulièrement difficiles à convaincre à cet égard.
En plus, alors qu’ils sont en début de carrière et peu expérimentés, ils sont souvent irréalistes en ce qui concerne la rémunération. On s’entend : ce n’est pas dans le monde du voyage qu’on obtient les plus hauts salaires, surtout au début. C’est avec le temps et en acquérant de l’expérience qu’on finit par faire plus d’argent. Il faut accepter de commencer au bas de l’échelle, comme nous l’avons fait en notre temps. Mais les jeunes voient parfois ça différemment !
Moi, je crois dans les relations donnant-donnant. Je suis prête à donner le monde à quelqu’un qui se dévoue à 100 %. Mais c'est difficile de trouver des gens disposés à s’impliquer autant. Par contre, une fois que j’ai trouvé la bonne personne, c’est pour longtemps. Pour moi, c’est une valeur importante d’être à l’écoute des gens et de les traiter avec ouverture, respect et honnêteté. À mon agence, on travaille fort, mais on a aussi du plaisir !