Agents internes vs agents externes


Agents internes vs agents externes
© PAX Global Media / Marie-Ève Rompré

Non, mais... quel sujet épineux! Je vais tenter de choisir les bons mots, d’émettre le moins d’opinions possible et de relater les faits actuels. Prière de ne pas me tirer de roches ou d’avions en papier par la tête!

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La différence entre les Alex et les Alain

Premièrement, je crois que Alex a autant sa place qu'Alain dans notre industrie. Car au final, Alex et Alain travaillent conjointement et vivent plus ou moins la même réalité. S’ils unissaient leurs forces, ils pourraient déplacer des montagnes ensemble, ils pourraient même faire changer des lois s'ils le voulaient.

Les conseillers en voyages dont je vous parlerai aujourd’hui, appelons-les Alex (à l’extérieur) et Alain (à l’intérieur).

Il y a trois catégories d’Alex, selon moi : 

Les Master Alex

Les machines de guerre, ils sont bons, vraiment très bon, ce sont ceux qui regrettent de ne pas être devenus des Alex avant. Ils sont tellement bons qu’ils quittent souvent leur premier emploi pour vivre entièrement de leur salaire de Master Alex. Eux, ce sont mes idoles! Il faut être solide mentalement pour faire ça et avoir tout un réseau d’affaires. Chapeau!

Les Bons Alex

Ils font ça pour les bonnes raisons. Ils sont dans presque toutes les formations, ils lisent religieusement les brochures, bref, ils en mangent du voyage! Ils nous posent mille et une questions à nous les propriétaires d’agence, ils font plein de publicité, ils veulent aller sur tous les éducotours possibles et ils nous disent sans cesse comment ils ont hâte de tout savoir.

Eux aussi, ça leur est déjà passé par la tête d’éventuellement faire ça a temps plein, ils cherchent encore un moyen d’y parvenir. Eux aussi, ils m’impressionnent pas à peu près! Trouver la motivation, seul, à la maison, de chercher de nouveaux client et d'entretenir la clientèle existante, en plus d'avoir un autre emploi à temps plein. Sont-ils des robots, des surhumains? La question se pose.

Les... autres

Pis y’a les autres… cette sous-catégorie que je suis incapable de nommer. Elle ne devrait tout simplement pas exister.

C’est elle qu’on doit tenter de faire disparaître, car elle brise toute la confiance que les autres Alex et les Alain tentent de mettre sur pied à bout de bras.

En éliminant cette sous-catégorie, Alex et Alain devraient être capable de se répartir les clients existants, de redorer l’image de notre profession et de regagner la confiance de ceux que se retournent vers Internet après avoir été malmenés par les Alex de cette sous-catégorie.

Et les Alain, eux ?

Il y a aussi Alain. Le conseiller en voyages à temps plein. Ce sont souvent des vieux de la vieille. Ils sont là depuis Mathusalem, ils doivent gérer des walk-ins et se déplacer hors de leur domicile pour faire le même travail que Master Alex. 

Mais Alain, y’é chialeux!

Lui, il râle en passant la porte de son agence le matin, en sacrant après la neige, le vent, le soleil, les oiseaux, alouette! Pendant qu’il attend en ligne chez les fournisseurs sur les lignes 1-2-3-4 et 5, il chiale avec les autres Alain de son agence afin de bien se crinquer entre Alain. 

« Fait chaud, fait frette, l’ordi est lent, les prix sont ben trop chers, ce fournisseur-là, plus capable! Hey, c’est humide hein? Mon crayon va mal, le monde a donc pas de budget cette année pour voyager, j'haïs toute! »

Alain doit être fait très, très fort. Il doit accepter de ne pas avoir d’heure de dîner, ni de pause, jamais. Il doit affronter les voyageurs en face à face et supporter leurs états d'âme. Alain doit aussi apporter son travail à la maison et se transformer en Alex le soir et le weekend pour être certain de mener leurs ventes à terme. Il ne dort pas beaucoup l’hiver. Il regarde parfois Alex de haut... et pourtant, Alain ne fait souvent pas la moitié du chiffre d’affaire d’Alex. Alain déverse souvent son fiel sur les groupe Facebook dédiés aux voyages.

Protéger le métier

Pour exercer le métier d'’Alex et d'Alain au Québec, il ne suffit que de débourser 55$ pour passer un examen de conseiller en voyages et de réussir avec une note de passage de 65%; pour être gérant d'agence, c'est plutôt 73$ et 70%, respectivement.

Accepteriez nous d’être opéré par un chirurgien qui a passé à 65%, vous? Ou de vous faire couper les cheveux par une coiffeuse qui a passé à 65% son cours de coiffure?

La réalité, c'est que c'est beaucoup trop accessible faire la job d’Alex et d'Alain. Trop, beaucoup trop de charlatans vendent des formations et font miroiter des avantages fabuleux, des revenus infini (LOL) et, bien sûr, la possibilité de voyager pour des peanuts.

Si l'on fait un calcul rapide, on arrive vite au chiffre magique de ~ 696 000$ : le montant versé annuellement par les 12 000 conseillers en voyages du Québec (à raison de 28$ individuellement) et les 900 agences (400$ individuellement).

Là où je veux en venir : un ordre professionnel peut il être géré avec plus ou moins 700 000$ annuellement?

Je crois que c'est une somme trop modeste pour administrer un ordre professionnel, mais je sais aussi que nous sommes une méchante gang à vouloir débourser encore plus que nos 28$ par année afin de protéger le métier que l'on a choisi et que l'on aime. Et si l'on élaguait naturellement les pommes pourries du panier en haussant les frais obligatoires, afin qu'ils ne restent que les plus motivées?

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Faire changer les lois

Les lois, ça se change. Les besoins évoluent, les réalités changent, le métier aussi. Si nous désirons s'attaquer à la base du métier de conseiller en voyages, c'est en s'unissant entre Alain et Alex et en proposant de vraies idées que l'on pourra y arriver. Ça ne suffit pas, de crier au scandale tout en gardant les bras croisés!

Moi je suis prête. Et vous?

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