
«Lorsque j’ai mentionné à des connaissances que j’achetais une agence de voyages, la plupart m’ont dit que j’étais fou de vouloir investir de l’argent dans ce type d’entreprise en voie de disparition», explique Alain Authier, nouveau propriétaire de Voyages Mon Agence, à Québec, un détaillant qu’il décrit comme «atypique». Atypique en ce sens qu’il a adopté le mode de développement qui, aujourd’hui, permet aux propriétaires d’agences de voyages de continuer à circuler à bonne vitesse sur les rails de la rentabilité.
«Bien sûr, à 7% ou 8% de commission, les détaillants qui réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires en vendant les fournisseurs traditionnels ne se préparent pas des lendemains qui chantent», poursuit l’ancien vice-président de Voyages CAA et de Groupe Voyages Québec. «Ici, chez Mon Agence, 50% des ventes portent sur des forfaits ou de circuits achetés auprès des fournisseurs habituels, tandis que l’autre moitié du chiffre d’affaires est réalisé avec des produits-maison – circuits ou groupes de croisières – qui permettent de dégager des marges beaucoup plus intéressantes.»
Depuis 17 ans, Voyages Mon Agence commercialise des petits circuits au Québec ou de plus gros circuits ailleurs dans le monde, des croisières en groupes accompagnés ou encore des longs séjours. «Bien sûr, les détaillants québécois sont de plus en plus nombreux à élaborer et à commercialiser leurs propres produits-maison, mais, dans ce domaine, tout le monde fait à peu près la même chose», observe Alain Authier. «Le défi réside dans la différenciation. Il faut faire les choses différemment, pour se démarquer et s’attacher une clientèle. Réal Pouliot, qui a lancé Voyages Mon Agence voici 17 ans, et son équipe faisaient les choses différemment, en choisissant soigneusement les itinéraires et en incorporant une série de petites attentions. Ainsi, nous programmons des longs séjours sur la Costa del Sol. Bien sûr, nos groupes seront logés à Torremolinos comme la majorité des «longs-séjours» vendus au Québec pour cette partie de l’Espagne. La différence résidera dans les activités quotidiennes proposées aux participants. Nous sortons du cadre des traditionnelles excursion à Nerja, Séville ou Gibraltar.»
Lorsqu’il a pris sa retraite au début de la cinquantaine, le fondateur de l’agence, Réal Pouliot, qui était fonctionnaire au gouvernement du Québec, s’estimait trop jeune pour rester inactif. Comme lui et son épouse n’avaient pas beaucoup voyagé, il a voulu remédier à cette lacune en lançant une agence de voyages. Pour ce faire, il s’est inscrit à un cours de formation à l’agence de voyages au Collège Mérici, à Québec. Il y rencontre une ancienne infirmière-chef, Irène Talbot qui, elle aussi envisageait une seconde carrière. Elle est devenue sa première employée lorsqu’il lance Voyages Mon Agence. L’équipe est bientôt complétée par Denise Burke, qui était alors employée dans une Caisse du Mouvement Desjardins. «J’aimais tellement les voyage qu’au cours d’un souper j’avais mentionné à ma voisine que je ne connaissais pas, que j’aurais été prête à travailler dans une agence bénévolement pourvu qu’il y ait une ou deux voyages à la clé», raconte cette dernière. «Ma voisine, qui travaillait pour Voyages Mon Agence, n’a dit : ça tombe bien : nous cherchons des agents chez nous. J’ai commencé à agit pour eux comme agent extérieur, puis, j’ai pris ma retraite du Mouvement Desjardins et je suis venue travailler ici à plein temps.» Elle y est toujours. «Mais malheureusement, elle ne travaille pas bénévolement», plaisante Alain Authier, qui a racheté l’entreprise le 1er juillet dernier.
Pour l’assister, il a embauché Emmanuelle Santos, ancienne directrice des opérations d’Incursion Voyages, qui agira comme directrice de l’agence. «Je cherchais quelqu’un qui soit aussi bien en mesure de faire des ventes que de monter des produits et de toucher à la gestion», explique Alain Authier.
L’ancien propriétaire, Réal Pouliot, continue à agir comme conseiller dans l’agence logée dans une grande maison bourgeoise d’une rue tranquille de Sillery. L’entreprise emploie huit personnes, dont quatre conseillers à temps plein.
«Mon défi consistera à développer les affaires en continuant à innover», dit Alain Authier. «Je veux doubler et même tripler le chiffre d’affaires.» Comment s’y prendra-t-il? «En faisant les choses différemment», répond-t-il. «Bien sûr, on ne peut pas réinventer la roue. Un circuit reste un circuit et une croisière reste une croisière. Mais le client type des agences comme la nôtre est allé 17 fois en France et davantage encore dans le Sud, il est allé au moins une fois au Vietnam et en Thaïlande et il veut des produits différents. J’ai été absent du domaine pendant trois ans, mais je me tenais au courant, ce qui me permettait de constater que tout le monde fait la même chose. J’ai des idées et une des premières choses que j’ai faites ici a été d’inviter le personnel à se creuser les méninges pour trouver des idées innovantes. Dans notre domaine, il faut sans cesse se réinventer.»
L’agence lancera un site Web, cet automne, et Alain Authier a aussi l’intention de nouer des partenariats avec des petits grossistes. «Il y en a plusieurs que j’ai identifiés, qui ont d’excellents produits, mais qui ne bénéficient pas du rayonnement qu’ils méritent. Je veux m’associer avec eux et les aider à améliorer leurs méthodes de distribution. Et je suis aussi à l’affût d’acquisitions possibles.»
Bien connu dans l’industrie du voyages, Alain Authier a dirigé la chaîne Inter Voyages (intégrée à Club Voyages depuis 1995) et a agit pendant 12 ans comme vice-président de Voyages CAA. De mars 2009 à mai 2011, il a assumé les fonctions de vice-président exécutif de Groupe Voyages Québec.