Craignant que le champagne de Sunwing tourne au vinaigre, l’AAVQ mobilise ses membres!
- Autre
- 14-10-2022 14:12
- Serge Abel-Normandin

En 2017, l’action collective entreprise par un client de Sunwing s’estimant floué parce qu’on lui avait servi un vin mousseux plutôt que du champagne avait suscité bien des commentaires amusés. À la blague, certains évoquaient même un « champagne-gate » !
Cinq ans plus tard, le projet d’entente à l’amiable survenu dans cette affaire ne fait pas sourire l’AAVQ. Estimant que l’affaire du champagne est en train de tourner au vinaigre, les dirigeants de l’Association ont tenu hier (13 octobre) une assemblée virtuelle pour alerter leurs membres et les mobiliser.
Quel est le problème avec cette entente ?
Rappelons d’abord que l’entente hors cour convenue entre Sunwing et les membres du Groupe de l’action collective concerne potentiellement environ 500 000 passagers québécois ayant voyagé avec Sunwing de 2014 à 2017. Elle doit encore être approuvée par la Cour supérieure du Québec (le juge doit rendre sa décision le 31 octobre).
L’entente prévoit que les membres du Groupe puissent obtenir pendant trois ans, autant de fois qu’ils le souhaitent, un rabais de 7 % sur les forfaits du voyagiste, pour eux-mêmes et pour jusqu’à cinq compagnons de voyage. Pour ce faire, ils devront réserver directement leur voyage sur un site dédié – ce qui exclut les ventes via les agents de voyages.
L’AAVQ s’oppose vigoureusement à cette entente. Elle allègue que ses membres, privés de leur commission de 8 %, se trouveront à payer pour une faute avec laquelle ils n’ont rien à voir (la « publicité trompeuse » de Sunwing) tandis que le voyagiste, pour sa part, ne payera rien, économisant même 1 % !
Démarche auprès de la Cour supérieure
D’entrée de jeu, le président de l’AAVQ, Moscou Côté, a salué les gens de Sunwing se trouvant peut-être dans l’auditoire de l’assemblée virtuelle.
Il a mentionné que les pourparlers entre l’Association et le voyagiste sont rompus depuis le 6 octobre. Ce jour-là, l’AAVQ a formellement déposé une demande à la Cour supérieure (par l’entremise de son avocat, Me Daniel Guay) pour s’opposer au projet de règlement (avec copie aux avocats de Sunwing).
Une proposition de Sunwing rejetée
Auparavant, l’AAVQ et Sunwing avaient négocié « de bonne foi », a reconnu Moscou Côté. Le voyagiste avait même présenté une proposition de solution – soit un montant fixe (que l’AAVQ n’a pas dévoilé) sur chaque vente pour compenser (partiellement) la perte de commission.
Le conseil d’administration de l’Association a toutefois rejeté cette offre, craignant que son acceptation ne crée un dangereux précédent.
LIRE PLUS – Action collective sur le «champagne»: Sunwing s’entend hors cour; l’AAVQ s’inquiète!
Divergences de vues quant à l’ampleur du problème
Il appert aussi que l’AAVQ et Sunwing ne s’entendent pas du tout sur le nombre de consommateurs qui pourraient profiter de l’entente et, par conséquent, sur l’ampleur des répercussions pour les agents de voyages.
Aux dires de l’AAVQ, Sunwing n’entreverrait qu’environ 20 000 inscriptions sur le site dédié (pendant la période d'inscription de 60 jours prévue dans l’entente). Le vice-président de l’AAVQ, Éric Boissonneault, peine toutefois à croire cette modeste estimation. « Et si c’est vrai, qu’ils nous payent », a-t-il lancé durant l’Assemblée.
Pour sa part, l’AAVQ redoute que beaucoup, beaucoup plus de passagers – plus de 1,4 million ! – tentent de profiter du rabais de 7 %. Surtout si les médias grand public se mettent à parler de l’entente – ce qu’ils feront forcément, prévient M. Boissonneault.
Jusqu’ici, les médias grand public ont peu fait mention de l’affaire. Néanmoins, les dirigeants de l’AAVQ mentionnent avoir décliné plusieurs demandes d’entrevue. (Ils invitent d’ailleurs leurs membres à diriger les demandes de journalistes vers l’Association s’ils en reçoivent sur le sujet.)
Ouverte aux discussions, l’AAVQ maintient néanmoins la pression
Bien que les pourparlers avec Sunwing soient suspendus, Moscou Côté a souligné que l’AAVQ demeure toujours ouverte aux négociations. Et si l’Association parvenait à une entente avec le voyagiste, elle retirerait simplement sa demande à la Cour supérieure, a-t-il mentionné.
Entre-temps, l’AAVQ poursuit néanmoins ses démarches, tentant de maintenir la pression. L’Association prévoit de déposer la semaine prochaine une plainte formelle au Bureau de la concurrence. Elle plaidera que l’entente porte un préjudice concurrentiel, en amont, aux voyagistes compétiteurs de Sunwing et, en aval, aux agences de voyages.
Contrairement à la démarche entreprise auprès de la Cour supérieure, cette démarche auprès du Bureau de la concurrence ne pourrait pas être retirée, même en cas d’entente avec Sunwing, a indiqué Moscou Côté.
Des fonds pour poursuivre le combat
Le président de l’AAVQ a souligné que l’Association a alloué un budget de 25 000 $ pour ces procédures, qui impliquent deux avocats distincts. Il appert que l’AAVQ videra ainsi complètement sa tirelire…
À cet égard, Moscou Côté a rappelé que l’Association – à laquelle l’adhésion est gratuite et dont tous les dirigeants sont bénévoles – n’engrange des fonds que grâce à ses activités de financement (comme le tournoi de golf ou le Gala Uni-Vers) et grâce à des dons de ses membres.
Pour poursuivre son combat, l’AAVQ lance donc une nouvelle campagne de financement. Les dirigeants suggèrent que chaque membre verse l’équivalent de la commission de Sunwing sur un dossier. Ils ont aussi accueilli favorablement la proposition d’une participante à l’Assemblée voulant que les membres versent à l’Association l’équivalent du montant qu’ils ont économisé pendant la pandémie, grâce à la suspension des frais de renouvellement de permis et certificats de l'OPC.
Pour contribuer à la campagne, cliquer ici.
« C’est le temps de démontrer notre unité », a conclu Éric Boissonneault.
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